Oh il me faudrait écrire l'azur, la mer
Et savoir leur couleurs leur saveurs, et puis
Découvrir de moi-même que plus rien n'est amer,
Que seule la douceur m'a envahi depuis
Il me faudrait des sens à en mourir d'être
Des images insolentes, et des journées de toi
Si pleines, si vives, des journées de peut-être
Où l'incertain régnant me parsème de "parfois"
Parfois, peut-être, dans un autre temps
J'aurais vécu alors rien qu'en te connaissant
Il me faudrait des livres, des montagnes de pages
Des plumes ivres d'encre, et des cachets de cires
Pour fermer les yeux trop curieux de mes ouvrages
Qui parle trop de ce que trop mon coeur désire
Il me faudrait du temps pour parcourir le sens
Et en trouver le bout l'origine et le coeur
Pour faire taire le monde, barbouiller de silence
Les tremblements furieux de ces derniers malheurs
Parfois, peut-être, dans un autre temps
J'aurais vécu alors rien qu'en te connaissant
Oh ! Il me faudrait des possibles, des chemins infinis
Des mains ouvertes et blanches, et des courants d'air pur
Des danses affolantes, là dehors, sous la pluie
A rire déployé, mes ailes comme une armure
Il me faudrait ton ombre pour planer sur mon âme
Ta foi en moi en place de mon piètre courage
Tes rêves mêlés aux miens comme pour fuir nos drames
Et tramer nos discours depuis ce monde en marge
Parfois, peut-être, dans un autre temps
J'aurais vécu alors rien qu'en te connaissant
J'aurais vécu ailleurs qu'en mon sombre cauchemar
J'aurais chassé les ombres par des journées divines
J'aurais vécu tranquille à l'ombre de ton regard
Rien qu'en te connaissant, comme on sait une rime...